Message d'une bénévole

Lorsque  la vie  joue à cache- cache avec la mort


Un regard, un sourire réciproques : la rencontre a eu lieu.

Très vite vous évoquez le mal qui vous ronge depuis des mois et votre souhait d’en finir avec la vie dès que vous l’aurez décidé. D’ailleurs vous me dites avoir remis à votre oncologue votre demande  d’euthanasie par écrit, demande qu’il balayé, à vos dires, d’un tour de main.

S'ensuit alors, entre nous, un long échange sur la possibilité d’écrire vos directives anticipées et de désigner une personne de confiance, ce qui vous permet de rester maître de votre destin.

Cette éventualité vous est apparue intéressante et notamment la possibilité qui s’offrait à vous, dans certaines conditions, de demander à bénéficier d’une sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès.

Les jours ont passé, vous avez fait votre cheminement en lien avec votre médecin traitant et votre infirmière que vous avez par ailleurs désigné personne de confiance. Pour vous Isabelle était tellement personne de confiance que vous lui avez confié votre petite chienne adorée dont vous ne pouviez plus vous occuper.

Puis la fin funeste s’est annoncée, votre état s’est sérieusement dégradé, plus d’alimentation possible, maigreur extrême, fatigue indéfinissable, parole à peine audible. C’est alors que vous avez demandé à pouvoir bénéficier d’une sédation profonde et continue aux professionnels de santé qui gravitaient autour de vous, car cette vie vous paraissait insupportable.

La situation devenant difficile à domicile du fait de votre isolement (pas de famille ni de proches) le réseau en soins palliatifs a organisé et programmé une admission dans l’unité d’accompagnement en soins palliatifs de la ville voisine. Ce jour là vous avait forcé mon admiration devant la sérénité qui vous habitait et le détachement dont vous faisiez preuve.

Ma collègue et moi avons alors décidé, avec votre accord, de continuer à venir vous visiter dans cette unité si particulière qui allait accompagner votre mourir.

Les derniers jours de votre vie, vous êtes plongé dans un profond sommeil, seules les chansons napolitaines que vous aimiez rompent le silence de votre chambre.

Aujourd’hui c’est au complexe funéraire que je vous rejoins pour vous adresser mon dernier regard et mon dernier sourire. Vous voilà parti vers cet au-delà rempli de mystère que vous appeliez de tous vos vœux Toutes mes pensées vous accompagnent.